Sur cette page vous trouverez les dialectes des régions et des lieux que deux types de classification: classification traditionnelle de Louis Bonaparte Loucien classement Zuazo Koldo actuelle. En cliquant sur chacune d’elles, peuvent trouver la description du dialecte et les villes qui lui appartiennent.
Haut-navarrais
Historiquement il s´agit du dialecte basque le plus répandu, le plus parlé et le plus caractéristique de la Navarre. A l´époque de sa diffusion la plus étendue, il embrassait un territoire allant des vallées immédiatement au nord de Pampelune, jusqu´à la ligne d´extension maximale de la langue basque en Navarre, à savoir celle marquée par Val de Lana, Valdega, La Solana, Oteiza, Villatuerta, Cirauqui, Mañeru, Puente la Reina, Valdizarbe, Artajona, Pueyo, Valdorba, Lerga, Ujué, Gallipienzo, Sada, Leache, Lumbier, Urraúl, Salazar, Roncal (tous les villages mentionnés étant considérés historiquement comme basques). A l´ouest, Val de Lana et Améscoa, d´après ce que l´on peut déduire de l´examen de la toponymie mineure, appartenaient sans doute à une autre aire dialectale, plus occidentale et probablement proche des parlers basques disparus de Alava et de l´euskara parlé actuellement à la Burunda. A l´est, les vallées pyrénéennes (Salazar, Aezkoa, Roncal) se trouvent à l´extérieur de cette aire dialectale, ce qui n´est pas le cas des vallées pré-pyrénéennes (Erro, Lintzoain, Arce), qui le pratiquaient. Il s´agissait également de la variété dialectale basque propre à Pampelune.
Actuellement , les derniers locuteurs (au total, moins de 500), se trouvent dans les vallées de Erro et Esteribar, mais sauf cas exceptionnels, il n´existe plus de transmission naturelle de la langue.
Son importance historique est incontestable. Des oeuvres d´un grand intérêt linguistique sont écrites dans cette variante dialectale : par exemple, l´ouvrage qui fut probablement le premier imprimé en euskara : la doctrine chrétienne de Sancho de Elso, dont on ne possède aucun exemplaire ; El Tratado de Oír Misa (1621) de Juan de Beriain, qui selon sa propre déclaration écrit "dans la langue parlée à Pampelune, coeur de ce royaume, dans cette langue parlée dans la majeure partie du royaume et la mieux comprise partout." Et surtout l´énorme production pieuse et homilétique de Joaquín de Lizarraga, originaire et curé de Elcano (Egüés), indispensable à la connaissance des variantes dialectales basques de la région de Pampelune, aujourd´hui disparues.
Il existe également une importante production homilétique sans intérêt littéraire, mais très précieuse d´un point de vue linguistique, témoignant de l´extension historique du dialecte.
En dehors des caractéristiques générales de l´euskara parlé, le haut-navarrais méridional se distingue du standard par les traits suivants :
Morphologie (verbale,nominale)/Phonétique/Lexique/Syntaxe
MORPHOLOGIE
Verbale
1- La principale caractéristique du dialecte, qui réapparaît dans une certaine zone biscayenne, est l´absence de -n au passé : nue, ze, zio, etc. Ce trait fut commun à l´ensemble du dialecte, et encore aujourd´hui on peut l´entendre à Esteribar et à Erro, mais coexistant toujours aux côtés des formes avec -n. A Eugi , seule existe la forme en -n:
zengatik orai erretrasatuenak hoik izain zire
denen artian harpatzen zute zerrie
Mais cf. également:
iduri zuen adelanto at haundienetaik zela
joaten ginden etxeko azienden lana
2- Dans la majeure partie de l´aire dialectale, -a- apparaît au passé des verbes forts (synthétiques): nakien, nauken, zakien, zagoen, zabilen... etc, (basque unifié : neukan, zebilen... etc.):
banakin ze kostunbre zuten goizez...
3- L´aphérèse de l´auxiliaire transitif au présent est très courante : tut, tuzu, etc, pour ditut, dituzu, etc:
ene familien eztut zautu, zautu tut bai, bertze familietan
4- Au lieu de diet, diezu, zien, zaie, etc., dans cette zone les formes généralisées sont du type diotet (=diet), zioten (=zien), zaiote (=zaie), c´est à dire -ote- au lieu de -e-:
Zenbaiti etzaote [=zaie] iduritiko
iduritzen zaote [=zaie] gerra hori holako festa bat dela
semeei frankotan erraten dakotet [=diet]
5- Dans la zone nord du dialecte (Mezkiritz), sont en usage des formes du nor-nori-nork de type bas-navarrais comme dakot, zakoten, etc, pour diot, zioten etc:
semeei frankotan erraten dakotet
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
Parfois, les formes en -ako- et en -io- semblent avoir été croisées :
kutxilloai kanibeta deitzen daogu guk euskeraz
6- Sont caractéristiques du dialecte (bien qu´ils existent également au moins à Ultzama et Basaburua) les potentiels intransitifs en -ke: daike, zaiken etc. (basque unifié : daiteke, zitekeen):
Han pasatu ginituen izan zaizken kalamidade handien-handienak
7- Pour le passé du nor-nori (basque unifié : zitzaion etc.), la racine est -KI- au lieu de -TZA-: zekion/zakion au lieu de zitzaion:
8- La deuxième personne du pluriel du présent du nor-nork est en -zie (basque unifié : -zue), comme à Ultzama et dans une partie du haut-navarrais septentrional :
9- La forme nitzen, sans -n- (basque unifié : . nintzen) est caractéristique de tous les parlers basques de Navarre :
Zazpi urtez edo eztakit zenbat urtez egon nitzen ni soldado!
ni bigarren kaderatik operatu nitzelaik
10- Pour les verbes se terminant en -n (edan, egon, izan etc), la marque du futur est généralement -en. La pronociation habituelle est -ain:
zengatik orai erretrasatuenak hoik izain zire
Cependant, historiquement, des futurs en -nko (janko, joanko) sont avérés, par exemple pour Puente la Reina.
11- Les participes en -tu (galdetu, barkatu, etc) forment un futur en -tiko, comme dans le dialecte d´Aezkoa : galdetiko, barkatiko, et aussi lorsqu´ils sont associés à behar : galdeti ihar dut (=galdetu behar dut):
zeatik auto aundiz pasatiko da
Mais cf. à Usetxi:
12- Dans ce dialecte, la forme en -rik du participe verbal, peu usitée ou très rare en haut-navarrais septentrional (sauf à la Barranca, où elle est normale), est d´usage courant :
kasik adjudiketuik Baztandei Erregerena.
hilabetero ginduen konpromisua inik
13- Ce dialecte ignore les substantifs verbaux en -iten (emaiten, erraiten), caractéristiques du haut-navarrais septentrional et des dialectes basco-français :
Orai guk eztugu ja ere erraten al gauze horren gañean
ezpadirete sorik gaizki eramaten klinikara edo hola
14- Les contractions dans la conjugaison périphrastique sont beaucoup moins fréquentes qu´en haut-navarrais septentrional. En revanche, sont fréquentes les contractions de behar et nahi +verbe auxiliaire :
trenean juan behaut lenbailen tierra hontatik
karretera in behautela hemendik Frantziera
Larogei, lautan hogei, nahuzun klasian.
15- Outre les caractéristiques précédentes, qui peuvent être systématisées, dans ce dialecte on peut entendre beaucoup d´autres flexions verbales non standardisées. La version en basque unifié éclaire pour chaque cas, l´équivalence. En voici une démonstration :
eta bahikorleat kartzen zuzten [=zituzten] Eugire
berriz denuntziek pagatzen zuzten, azienden yabeak
hemen gu ixil-ixilik ginauden [=geunden]
Han pasatu ginituen izan zaizken kalamidade handien-handienak
eta astia ginduelaik, [=genuen] pues ala! kuxetara
joaten ginden [=ginen] etxeko azienden lana
nola nindeon [=nengoen] operatuik
eskribitu nindakon [=nion] baetz
16- Une innovation morphologique récente, mais commune à de nombreux dialectes basques, est la réfection analogique des formes relatives par des flexions se terminant par -t. La forme ancienne est -dan, -dala (dudan, dudala, zaidala, etc.), mais ces formes sont quasiment généralisées duten, dutela, zaitela, etc., recomposées à partir de dut, zait, etc.:
Ta nik zautu dutena hor, iauen-iauena da
Pourtant, on peut encore entendre les formes anciennes, parfois dans la bouche d´un locuteur utilisant également les autres :
Ez ez, erran dizuden bezala aixtian
Cf. exemple précédent.
17- La confusion entre les paradigmes verbaux Nor-nork et nor-nori-nork est totale (au profit du second) :
biziik ortzi behar digute [=ehortzi behar gaituzte]
Klaro, hemezortzi urtetan eman zieten [=eraman ninduten]
gerra akaatute ere eztakit zenbat urtez iruki zieten han [=eduki ninduten]
ezpadirete sorik gaizki eramaten klinikara edo hola
ta haiek kubritzea gui eaman tziguten
ta nei Donostie destinetu ziaten
NOMINALE
18- Dans toute cette zone, à la différence du haut-navarrais septentrional, on distingue -ak de -ek au pluriel :
eta azienda sartzen zelaik, denuntzietzen zuten goardek
Cependant, les cas de confusion sont fréquents, en partie à cause de l´érosion linguistique, et en raison de l´influence du haut-navarrais septentrional:
berriz denuntziek pagatzen zuzten azienden yabeak
baztandarrak aprobetxatzen zuten Erdizaga
19- L´instrumental est -s (basque unifié : -z):
Mais l´hésitation avec le -z est fréquent :
Zazpi urtez edo eztakit zenbat urtez egon nitzen ni soldado!
kutxilloai kanibeta deitzen daogu guk euskeraz
20- La contraction normale du génitif singulier est -ain:
Erregenekoaikin, eta Baztangoaikin
21- Dans les numéraux, très courantes sont les formes en -tan: hirutan hogei, lautan hogei (=hirurogei, laurogei), bien que ces dernières soient également entendues (pour des raisons de prestige du gipuzcoan et de la langue standard) ; les formes orientales comme bortz et hameka sont également usitées:
Larogei, lautan hogei, nahuzun klasian.
22- Le cas nondik à l´indéfini et au pluriel se forme en -tarik, comme dans les dialectes basco-français :
Hemen, pues, garie, olua, hoetaik
iduri zuen adelanto at haundienetaik zela
orai ya, ezta yausik hoetaik ikusten
gazteenetaik abiatu zarreneraino
ta trabiesa bakarra ehun kilotaik goiti
23- Il est courant d´entendre -arendako pour -arentzat.
24- Dans des termes comme artzain, arrain, haurtzain, etc, dans tout le dialecte (comme en haut-navarrais septentrional) prédominent les formes en -ai: artzai, arrai, haurtzai etc:
25- La terminaison castillane -on (en basque unifié : -oi) est quasiment généralisée dans les emprunts : pantalona, perdigona, kamiona, jipona, botona, xabona.
Cependant, dans les emprunts les plus anciens, et même dans quelques termes patrimoniaux comme saroi "bergerie´, le haut-navarrais méridional offre sa propre caractéristique : io. Comparez les toponymes avec le pampelunais Sario (<saroi). Il n´y a pas d´exemple dans le corpus.
26- Dans une zone du dialecte (Egüés), les démonstratifs présentent un g- initial, comme dans le dialecte d´Aezkoa et celui de Salazar (en roncalais k-): gau, gori, gor etc. Cependant, dans les villages où on le parle encore aujourd´hui, les formes sont les standards : hau, hori etc...:
orai ya, ezta yausik hoetaik ikusten
iduritzen zaote gerra hori holako festa bat dela
PHONETIQUE
27- La palatalisation automatique s´impose avec moins de force que dans le haut-navarrais septentrional. Dans la zone historique du dialecte, elle demeure inconnue à Elcano, Puente la Reina et Arce, et très présente en revanche à Olza, Oláibar, Goñi, Juslapeña et Iza.
Sur le territoire actuel du dialecte (Esteribar et Erro) le -n- est palatalisé après i semi-voyelle : ezpaña, gaña, etc, mais pas après i voyelle : irine, mutila etc.:
Han pasatu ginituen izan zaizken kalamidade handien-handienak
hilabetero ginduen konpromisua inik
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
Mais après la semi-voyelle :
berriz azaroko kosetxa eraikitzeko denboraraño
Orai guk eztugu ja ere erraten al gauze horren gañean
orai bizitzen da pusken hobeki orduen beño
Bien que, parfois, l´on puisse entendre des exceptions à cette règle :
gazteenetaik abiatu zarreneraino
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
Ni t ni l palatalissen derriere i, sauf dans Urritzola:
hamazazpi familie kuxetagileak ginen
Ta hemen sortu te hemen nik uste hemen nik uste hilen naizen ere
Han pasatu ginituen izan zaizken kalamidade handien-handienak
ta trabiesa bakarra ehun kilotaik goiti
Mais cf:
igual bi hillebetez, geldittu bage
28- Les formes comme buruba, mendiya, avec un son de transition, sont inconnues, alors qu´elles existent dans les zones du haut-navarrais septentrional.
29- A Mezkiritz et Usetxi, sporadiquement on peut entendre des formes de type aezcoan, avec perte du -i- entre voyelles. Ceci est régulier dans les démonstratifs :
Hemen, pues, garie, olua, hoetaik [<hoietarik]
hemen ez baitziren ja haetaik [<haietarik]
pues denbora haetan jornala [<haietan]
Cela se produit aussi dans d´autres formes :
pues iiteas moztu iten zen [<igiteias]
eskribitu nindakon baetz [<baietz]
Mais très souvent sous une forme hésitante :
ardiek, ta behak, [<behiak] eta hoetaik
Mais cf. dans le même village
Zenbaiti etzaote iduritiko [<zaiote]
iduritzen zaote gerra hori holako festa bat dela ; cf. en el mismo pueblo:
brabanian erraten zaion bezala
A Eugi, il semble que le phénomène ne se produit pas.
30- Dans la déclinaison, -ea (etxea) et oa (astoa) se prononcent souvent -ia et -ua (surtout dans le premier cas ; -ua pour -oa est plus rare) :
bat Beltrania, nere etxia Juankonia, bertzia Juantenia
Larrazkenian, larrazkenian, bai. Martxoan ere zerbait eraikitzen zen
Larogei, lautan hogei,nahuzun klasian.
Hemen, pues, garie, olua, hoetaik
hilabetero ginduen konpromisua inik
Mais la tendance n´est pas très affirmée :
hure azkenean, pean gelditzen zen
izen balute permisoa, dretxoa izen bazuten
Larrazkenian, larrazkenian, bai. Martxoan ere zerbait eraikitzen zen
31- Ces hiatus tendent à se prononcer (même si ce n´est pas le cas partout) de façon monosyllabique (comme diphtongue), peut-être en raison du fort accent d´intensité employé dans une partie de ce dialecte :
bat Beltrania, nere etxia Juankonia, bertzia Juantenia
32- L´harmonisation vocalique (dirua>dirue, ogia>ogie) s´impose dans la totalité du dialecte. Historiquement, elle n´était inexistante qu´à Arce et Egüés. A la différence du haut-navarrais septentrional, elle apparaît tantôt entre des morphèmes (ogie), tantôt à l´intérieur d´un morphème : (uketu, ugeri, iketza etc.). Elle est moins intense à Mezkiritz:
eta azienda sartzen zelaik, denuntzietzen zuten goardek
izen balute permisoa, dretxoa izen bazuten
horko antzinderiek ta usetzen zuten
orai bizitzen da pusken hobeki orduen beño
33- On observe des traces d´une ancienne hésitation r/d (bien qu´actuellement elle ne semble plus se produire). Surtout dans le morphème du datif -da- (didan, zidan, etc):
ezpadirete sorik gaizki eramaten klinikara edo hola
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
gerra akaatute ere eztakit zenbat urtez iruki [<iduki] zieten han
34- Il est aussi courant (et ceci se rencontre presque exclusivement dans les parlers haut-navarrais) que les verbes perdent la première voyelle (aphérèse) : baki (=ebaki), karri etc. Parfois cela se produit également dans les substantifs : mazteki (=emazteki):
eta bahikorleat kartzen zuzten Eugire
Ta nik zautu dutena hor, iauen-iauena da
’ta akaso bizimodu hobia torriko da
Nik lemixi... zautu nuen lemixiko urtetan
Maztekiek beti, zegatik maztekie
ene familien eztut zautu, zautu tut bai, bertze familietan
En conséquence, la distinction man (=eman)/eman (=eraman) est courante (également dans une partie du haut-navarrais septentrional) :
Klaro, hemezortzi urtetan eman [=eraman] zieten
haiziak ematen [=eramaten] zuen
35- Il arrive aussi qu´une vocale disparaisse à l´intérieur d´un mot (syncope), mais ceci est un phénomène sporadique, beaucoup plus rare qu´en haut-navarrais septentrional (link haut-navarrais septentrional 33):
eta bahikorleat [<bahikorrale] kartzen zuzten Eugire
denen artian harpatzen [<harrapatzen] zute zerrie
36- Dans des mots comme joan, jarri, jende etc., dans ce dialecte, le son initial est prononcé -y dans les parlers encore vivants, sauf à Urritzola, où il se prononce j-:
berriz denuntziek pagatzen zuzten, azienden yabeak
trenean juan behaut lenbailen tierra hontatik
Mais les emprunts plus récents et l´expression typiquement navarraise ja (=rien, quelque chose), sont prononcées partout j :
Orai guk eztugu ja ere erraten al gauze horren gañean
kasik adjudiketuik Baztandei Erregerena.
Et il arrive que l´on entende j dans des termes traditionnels, en raison de l´influence d´autres dialectes ou de la langue standard :
joaten ginden etxeko azienden lana
Historiquement, la prononciation x- a été très courante dans cette aire dialectale, et selon les informations recueillies par Irigaray, elle s´étendait jusqu´à Uharte-Arakil. A Arce coexistaient y- et x-. A Oláibar et Juslapeña seul existait y-. A Egüés et Olza x-. Il existait également une zone de prononciation avec la jota castillane, comme à Puente la Reina.
LEXIQUE
37- Le lexique du haut-navarrais méridional n´est pas spécialement caractéristique. Peu de mots ou de variantes du corpus sont spécifiques au dialecte, ou à l´euskara navarrais : bahikorle (<bahi korrale) “corral de bétail ´; frantsa “français´; les formes iago et iagoen pour gehiago et gehien; ja (ere), “rien, quelque chose´ (également en haut-navarrais septentrional) ; aundiz “beaucoup´(également en haut-navarrais septentrional) ; ortzi “enterrer´; puskan, puskaz avec des comparatifs (“beaucoup plus...´); eraiki “semer" ; lemixi “d´abord´. jende comme substantif comptable (“personne"); igo “moudre´.
eta bahikorleat kartzen zuzten Eugire
Ta nik zautu dutena hor, iauen-iauena da
Orai guk eztugu ja ere erraten al gauze horren gañean
zeatik auto aundiz pasatiko da
orai bizitzen da pusken hobeki orduen beño
Larrazkenian, larrazkenian, bai. Martxoan ere zerbait eraikitzen zen
berriz azaroko kosetxa eraikitzeko denboraraño
Nik lemixi... zautu nuen lemixiko urtetan
38- Si l´euskara navarrais en général, et particulièrement ce dialecte, présente une physionomie particulière, il le doit au caractère oriental (proche des dialectes français) du lexique et des variantes utilisées ici : afera “affaire´; iduri izan “sembler´; antzin (y altzin) "devant", gibel “derrière´; bertze ´autre´; antzindari “autorité, chef; artio “jusque"; larrazken “automne´; orai “maintenant´; erran “dire´; pean, petik, peko (comme élément indépendant : peko etxea etc...); emazteki ´femme"; hertsi “fermer"; igorri “envoyer"; iratzarri “réveiller´.
pues haiek iduri dute bautela han dretxoa
iduri zuen adelanto at haundienetaik zela
ene familien eztut zautu, zautu tut bai, bertze familietan
horko antzinderiek ta usetzen zuten
Larrazkenian, larrazkenian, bai. Martxoan ere zerbait eraikitzen zen
orai ya, ezta yausik hoetaik ikusten
hure azkenean, pean gelditzen zen
Maztekiek beti, zegatik maztekie
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
39- Le haut-navarrais méridional, comme l´ensemble de l´euskara parlé, comporte de nombreux emprunts, de types variés :
D´une part, il maintient de nombreux emprunts et copies, anciens et traditionnels, qui ont été plus ou moins éliminés par le purisme dans l´écrit : pagatu, “payer´; akabatu “achever´, eskribitu “écrire´, gainean “sur´, etc...
berriz denuntziek pagatzen zuzten, azienden yabeak
gerra akaatute ere eztakit zenbat urtez iruki zieten han
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
Orai guk eztugu ja ere erraten ahal gauze horren gañean
D´autre part, il comporte également de nombreux emprunts récents:
eta azienda sartzen zelaik, denuntzietzen zuten goardek
baztandarrak aprobetxatzen zuten Erdizaga
izen balute permisoa, dretxoa izen bazuten
pues, reparto in, mankomunidan, bien akorduekin
kasik adjudiketuik Baztandei Erregerena.
berriz azaroko kosetxa eraikitzeko denboraraño
karretera in behautela hemendik Frantziera
trenean juan behaut lenbailen tierra hontatik
banakin ze kostunbre zuten goizez...
SYNTAXE
40- On peut entendre fréquemment des formes relatives (explicatives) accompagnées du préfixe bait-.
41- Dans ce dialecte, le suffixe -larik s´est substitué à -nean dans toutes ses fonctions :
eta azienda sartzen zelaik, denuntzietzen zuten goardek
eta astia ginduelaik, pues ala! kuxetara
ni bigarren kaderatik operatu nitzelaik
42- Les complétives dépendantes de uste peuvent apparaître avec un -n, pour le moins à Mezkiritz (cet usage est également connu dans le Baztán et à Cinco Villas) :
Ta hemen sortu te hemen nik uste hilen naizen ere
43- La conjonction causale zer(en)gatik est commune à toute la zone, seule ou combinée au suffixe -n dans la forme verbale :
zengatik orai erretrasatuenak hoik izain zire
Maztekiek beti, zegatik maztekie
zeatik auto aundiz pasatiko da
44- Les comparatifs peuvent se former aussi bien avec le suffixe -ago sans plus, ou en lui ajoutant -ko: -agokoa.
45- Une caractéristique très orientale de ces dialectes est l´emploi de -raino avec une valeur temporelle, usage inconnu dans les dialectes occidentaux :
berriz azaroko kosetxa eraikitzeko denboraraño
46- La périphrase -ten ahal est utilisée pour les potentiels, y compris dans les phrases négatives
Orai guk eztugu ja ere erraten ahal gauze horren gañean
47- Dans le haut-navarrais méridional, on peut entendre des utilisations libres de l´indéfini (mugagabe) inhabituelles dans les autres dialectes péninsulaires :
Lenago Eugiko herrie ederrago zen... Gauze ederrago zen Eugiko herria
Actuellement, ce dialecte est le plus répandu et le plus parlé de Navarre, bien qu´historiquement ce fut le haut-navarrais méridional.
Environ 35.000 navarrais le parlent, dans les régions de Arakil, Barranca (à partir d´Arbizu), Larraun, Araitz, Cinco Villas, Imotz, Basaburua, Arano-Goizueta, Leitzaran, Ultzama, Anue, Malerreka, Bertizarana. Hors de la Navarre, on retrouve également cette variante à Irun, Oiartzun et Hondarribia.
La transmission naturelle de la langue s´opère toujours, dans une plus ou moins grande mesure, sur la majeure partie du territoire (sauf à Arakil et avec une faible intensité à Ultzama).
Le dialecte n´est pas très homogène : certains parlers se distinguent notablement des autres : ainsi le barrancais, variante très particulière, proche du guipuzcoan de Navarre.
Son usage écrit a été pratiquement nul, en dehors d´une infime littérature religieuse. Des témoignages attestent d´une certaine ancienneté, mais ils sont sans comparaison avec ceux des autres dialectes, ni même avec ceux de son voisin méridional. D´autre part, sa faible différenciation d´avec le guipuzcoan a eu pour conséquence que ses locuteur ont tendance à utiliser cette variante, tout au moins au niveau de l´intention, dans des occasions relativement formelles (par exemple pour l´improvisation chantée et versifiée).
En dehors des caractéristiques communes à l´euskara parlé en général, le haut-navarrais septentrional se distingue de la langue standard par les traits suivants :
Morphologie (verbale, nominal)e/Phonétique/Lexique/Syntaxe
MORPHOLOGIE
Verbale
1-Dans la majeure partie de l´aire dialectale, le -a- apparaît au passé des verbes forts (synthétiques) : nakien, nauken, zakien, zagoen, zabilen... etc, (en basque unifié : neukan, zebilen... etc.):
nik berandu artio ez nakin euskeras hitzik ere
kontestatu behar tzuten altxatuta zaudenak
ya beandu xamar zela baña ya bazkaltzeko zauken zerbait
Pourtant dans une zone du dialecte, apparaît également le -e-: à Leitza, Arano et Larraun (ici alterné avec le -a-):
Moxkortute hola bueltaka emen zebiltzen herriin
A la Barranca, des formes comme zoken présupposent za-:
horrek ez zuken holako meritu haundirik, ezkil horrek etzoken
2-La forme nitzen, sans -n- (basque unifié :. nintzen) est caractéristique de tous les parlers de Navarre :
ibiltzen nitzen herritan kartak partitzen
ta harrekin batian joan nitzen ni re
hamabi urte nitulaiken joan nitzen artzai koxkorra
3-Dans les formes du nor-nori-nork, la marque du pluriel est -it-, comme dans le nor-nork (ditio... etc, basque unifié : dizkio etc). Il s´agit d´un trait exclusif à ce dialecte (on ne le retrouve dans aucun autre, à l´exception du baztanais) :
asko gauze nik ezautzen eznituenak ematen zitireten
Dans certaines zones, apparaissent cependant des formes en -zki-, comme à Arano (à Leitza du type dazkit):
4-Dans une certaine zone du dialecte, nous trouvons due etc. pour dute etc. C´est le cas à Leitzaran, Barranca, Araitz, Larraun (ici dui) et dans une partie de Basaburua Menor:
baina soñuba denak diferentea due
billatu behar zuin makille eoke xamarra
horrek eakutsi ta dantzatzen zuin...
dena goittik bera bota zuen ta etzuen deusee bilatu
5-Duzie (Larraun duzi) pour duzue s´entend pour le moins à Ultzama et Larraun:
Badakizie holako kantue kantatzen?
6-La marque du futur pour les verbes se terminant en -n (edan, egon, izan etc), est généralement -en :
Yoanen zela gure etxera ta gurekin hitzegiñen zula
Dans de nombreux villages, cette terminaison -anen, -onen se prononce -ain, -oin:
dirua ere ezuten sobrante izain seguru aski ta
baño nik uste ot hemen eitten zenen inguruko herritan e eitten izain zela
On entend rarement la forme guipuzcoane -ngo, à Larraun, Areso, Arano et Araitz.
7-Au lieu de diet, diezu, zien, zaie, etc., dans cette zone, les formes du type diotet (=diet), zioten (=zien), zaiote (=zaie), c´est à dire -ote- au lieu de -e-, sont quasiment généralisées :
ta esaten nioten soldadu hoiei:
Dans la zone où l´on emploie due (=dute), les locuteurs disent aussi dioe (Leitza dioa) (=die), c´est à dire -oe- (-oa-) pour -e-:
Etxe guzie nastu in zioan
8-Dans certains verbes en -n, pratiquement l´ensemble du dialecte forme le substantif verbal en -iten (prononcé généralement -tten), comme les basco-français : izatten, ematten, egotten, eramatten:
bertze jende turista erraiten ten horiek ere
Cependant à Larraun, Araitz, Barranca et Ultzama , nous trouvons -ten, et également dans d´autres endroits, sporadiquement, en raison d´un certain prestige de la langue standard :
9-Pour le passé du nor-nori (zitzaion etc.), la racine dans une partie du dialecte (Ultzama, Imotz et Barranca) est -KI- au lieu de -TZA-: zekion/zakion au lieu de zitzaion. A la Barranca cette racine est employée également au présent : dakio etc pour zaio etc.:
10-Les flexions verbales, à l´intérieur de sa variante, ont généralement un trait commun : les hiatus (zegoen, zuen, nekien, genuen, duela, dagoela... etc) se réduisent à la première voyelle (zegon, zun, nun, nekin, genun, dula, dagola... etc). Ce phénomène ne se produit pas à la Barranca et Ultzama :
han izandu genitun atake goorrak
ne atte zenak eukitzen emen zun hoi prestatota gordii
nik berandu artio ez nakin euskeras hitzik ere
eta hori in ta ya beste zortzien bat urtes harrekin lan in nun
behiei kausitten ta pasatzen nun bizie
hamabi urte nitulaiken joan nitzen artzai koxkorra
Mais cf.:
nik dena itten nuen, goizien ta asaldien ta gaubien ta denetan
zer atra behar zuen esan zireten komedorian
11- Outre les caractéristiques précédentes, qui peuvent être systématisées, inutile de dire que dans ce dialecte on peut entendre de nombreuses flexions verbales non conformes à la langue standard. La version en basque unifié éclaire, dans chaque cas, l´équivalence :
Geo eaman giñuzen (gintuzten) Oviedo bertaa
Pues, maiz zeatzen tzittuten, (zituzten) prestatzen tzittuten
sartu eztaizkenak (daitezke) ez biño betire erdi erdera ta...
ta joan ginen harea t´ezkiñuzen (genituen) saldu
oain makinak eta badere (dira)
Bai nik e estudioik eztoket (daukat)
batien santuba sartu zubela errekaa sekoa ziolakos (zihoan)
ondo aittu yaiz (haiz) edo geizki aittu yaiz
ta gero artzai nindabillela (nenbilen)
12- Dans la conjugaison périphrastique, on entend toutes sortes de contractions verbales, bien que le corpus ne soit pas suffisant pour systématiser et définir des zones. Les contractions de behar + auxiliaire transitif sont très caractéristiques.
in beadiau horno at hor Zizurren, eta: nauk sozio?
bakarriken goaiñ oso diferente eitteunte lana
oain ya ortziralian lan in ta utzitzeunte
zuk oso ongi errezatzauzule arrosarioa
In behaizut pase bat Donostire joateko hillebete bateko
13-La confusion entre les paradigmes verbaux nor-nork et nor-nori-nork (généralement au profit du second) est une tendance générale (non distinctive) de la langue en Navarre. Ce qui en revanche est distinctif (établit une issoglosse) est le degré auquel s´est complétée la tendance : la confusion totale caractérise le haut-navarrais méridional. Mais elle s´opère également dans d´autres parlers (Ultzama) et il s´agit d´une tendance très répandue : Ituren, la Barranca:
kanpeonato askota eramaten tzieten
Cependant, la distinction n´a pas disparu partout :
Geo eaman giñuzen Oviedo bertaa
14- Une innovation morphologique récente, mais commune à de nombreux dialectes basques, est la réfection analogique des formes relatives par flexions se terminant en -t. La forme ancienne (toujours existante ) est -dan, -dala (dudan, dudala, zaidala, etc.), mais ces formes sont quasiment générales duten, dutela, zaitela, etc., recomposées à partir des formes libres dut, zait, etc.:
ni naiz Miel, nausi o itten dutena
A l´inverse, dans certaines zones (tout au moins à Ultzama), les formes liées en -da- ont produit une forme libre analogique en -da: zaida, zaira, dida (et par harmonisation vocalique zaide zaire) etc., (bien que ce ne soit jamais pour des formes comme dut, dakit etc.):
naho nuen man balire komendante horretxek itxera joateko
15- Le suffixe causal -lako comporte la variante lako(t)z (et -lakos), comme dans les dialectes continentaux :
batien santuba sartu zubela errekaa sekoa ziolakos
...txarrak! urte txarrak dire, eztelakoz
NOMINALE
16- Dans toute cette zone, on ne distingue pas -ak de -ek au pluriel :
baina soñuba denak diferentea due
usazaliak iten zte oihu batzuk
ta urdun kontestatu behar tzuten altxatuta zaudenak
17-La marque de l´instrumental est -s (basque unifié : -z) dans une vaste zone, comme dans le haut-navarrais méridional. Spécialement à la Barranca, où il est unique, mais aussi dans d´autres parlers (Basaburua, Ultzama, Larraun, Imotz), où il coexiste avec -z:
ta gero bi urtes o in zen holako esibizio at
nik berandu artio ez nakin euskeras hitzik ere
Zer modues habille amigo Arroki
18-Les augmentatifs phonétiques en z- sont typiques des dialectes navarrais : zuleta, zapela etc. Ils existent également dans d´autres dialectes, mais ici i
Haut-navarrais
Historiquement il s´agit du dialecte basque le plus répandu, le plus parlé et le plus caractéristique de la Navarre. A l´époque de sa diffusion la plus étendue, il embrassait un territoire allant des vallées immédiatement au nord de Pampelune, jusqu´à la ligne d´extension maximale de la langue basque en Navarre, à savoir celle marquée par Val de Lana, Valdega, La Solana, Oteiza, Villatuerta, Cirauqui, Mañeru, Puente la Reina, Valdizarbe, Artajona, Pueyo, Valdorba, Lerga, Ujué, Gallipienzo, Sada, Leache, Lumbier, Urraúl, Salazar, Roncal (tous les villages mentionnés étant considérés historiquement comme basques). A l´ouest, Val de Lana et Améscoa, d´après ce que l´on peut déduire de l´examen de la toponymie mineure, appartenaient sans doute à une autre aire dialectale, plus occidentale et probablement proche des parlers basques disparus de Alava et de l´euskara parlé actuellement à la Burunda. A l´est, les vallées pyrénéennes (Salazar, Aezkoa, Roncal) se trouvent à l´extérieur de cette aire dialectale, ce qui n´est pas le cas des vallées pré-pyrénéennes (Erro, Lintzoain, Arce), qui le pratiquaient. Il s´agissait également de la variété dialectale basque propre à Pampelune.
Actuellement , les derniers locuteurs (au total, moins de 500), se trouvent dans les vallées de Erro et Esteribar, mais sauf cas exceptionnels, il n´existe plus de transmission naturelle de la langue.
Son importance historique est incontestable. Des oeuvres d´un grand intérêt linguistique sont écrites dans cette variante dialectale : par exemple, l´ouvrage qui fut probablement le premier imprimé en euskara : la doctrine chrétienne de Sancho de Elso, dont on ne possède aucun exemplaire ; El Tratado de Oír Misa (1621) de Juan de Beriain, qui selon sa propre déclaration écrit "dans la langue parlée à Pampelune, coeur de ce royaume, dans cette langue parlée dans la majeure partie du royaume et la mieux comprise partout." Et surtout l´énorme production pieuse et homilétique de Joaquín de Lizarraga, originaire et curé de Elcano (Egüés), indispensable à la connaissance des variantes dialectales basques de la région de Pampelune, aujourd´hui disparues.
Il existe également une importante production homilétique sans intérêt littéraire, mais très précieuse d´un point de vue linguistique, témoignant de l´extension historique du dialecte.
En dehors des caractéristiques générales de l´euskara parlé, le haut-navarrais méridional se distingue du standard par les traits suivants :
Morphologie (verbale,nominale)/Phonétique/Lexique/Syntaxe
MORPHOLOGIE
Verbale
1- La principale caractéristique du dialecte, qui réapparaît dans une certaine zone biscayenne, est l´absence de -n au passé : nue, ze, zio, etc. Ce trait fut commun à l´ensemble du dialecte, et encore aujourd´hui on peut l´entendre à Esteribar et à Erro, mais coexistant toujours aux côtés des formes avec -n. A Eugi , seule existe la forme en -n:
zengatik orai erretrasatuenak hoik izain zire
denen artian harpatzen zute zerrie
Mais cf. également:
iduri zuen adelanto at haundienetaik zela
joaten ginden etxeko azienden lana
2- Dans la majeure partie de l´aire dialectale, -a- apparaît au passé des verbes forts (synthétiques): nakien, nauken, zakien, zagoen, zabilen... etc, (basque unifié : neukan, zebilen... etc.):
banakin ze kostunbre zuten goizez...
3- L´aphérèse de l´auxiliaire transitif au présent est très courante : tut, tuzu, etc, pour ditut, dituzu, etc:
ene familien eztut zautu, zautu tut bai, bertze familietan
4- Au lieu de diet, diezu, zien, zaie, etc., dans cette zone les formes généralisées sont du type diotet (=diet), zioten (=zien), zaiote (=zaie), c´est à dire -ote- au lieu de -e-:
Zenbaiti etzaote [=zaie] iduritiko
iduritzen zaote [=zaie] gerra hori holako festa bat dela
semeei frankotan erraten dakotet [=diet]
5- Dans la zone nord du dialecte (Mezkiritz), sont en usage des formes du nor-nori-nork de type bas-navarrais comme dakot, zakoten, etc, pour diot, zioten etc:
semeei frankotan erraten dakotet
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
Parfois, les formes en -ako- et en -io- semblent avoir été croisées :
kutxilloai kanibeta deitzen daogu guk euskeraz
6- Sont caractéristiques du dialecte (bien qu´ils existent également au moins à Ultzama et Basaburua) les potentiels intransitifs en -ke: daike, zaiken etc. (basque unifié : daiteke, zitekeen):
Han pasatu ginituen izan zaizken kalamidade handien-handienak
7- Pour le passé du nor-nori (basque unifié : zitzaion etc.), la racine est -KI- au lieu de -TZA-: zekion/zakion au lieu de zitzaion:
8- La deuxième personne du pluriel du présent du nor-nork est en -zie (basque unifié : -zue), comme à Ultzama et dans une partie du haut-navarrais septentrional :
9- La forme nitzen, sans -n- (basque unifié : . nintzen) est caractéristique de tous les parlers basques de Navarre :
Zazpi urtez edo eztakit zenbat urtez egon nitzen ni soldado!
ni bigarren kaderatik operatu nitzelaik
10- Pour les verbes se terminant en -n (edan, egon, izan etc), la marque du futur est généralement -en. La pronociation habituelle est -ain:
zengatik orai erretrasatuenak hoik izain zire
Cependant, historiquement, des futurs en -nko (janko, joanko) sont avérés, par exemple pour Puente la Reina.
11- Les participes en -tu (galdetu, barkatu, etc) forment un futur en -tiko, comme dans le dialecte d´Aezkoa : galdetiko, barkatiko, et aussi lorsqu´ils sont associés à behar : galdeti ihar dut (=galdetu behar dut):
zeatik auto aundiz pasatiko da
Mais cf. à Usetxi:
12- Dans ce dialecte, la forme en -rik du participe verbal, peu usitée ou très rare en haut-navarrais septentrional (sauf à la Barranca, où elle est normale), est d´usage courant :
kasik adjudiketuik Baztandei Erregerena.
hilabetero ginduen konpromisua inik
13- Ce dialecte ignore les substantifs verbaux en -iten (emaiten, erraiten), caractéristiques du haut-navarrais septentrional et des dialectes basco-français :
Orai guk eztugu ja ere erraten al gauze horren gañean
ezpadirete sorik gaizki eramaten klinikara edo hola
14- Les contractions dans la conjugaison périphrastique sont beaucoup moins fréquentes qu´en haut-navarrais septentrional. En revanche, sont fréquentes les contractions de behar et nahi +verbe auxiliaire :
trenean juan behaut lenbailen tierra hontatik
karretera in behautela hemendik Frantziera
Larogei, lautan hogei, nahuzun klasian.
15- Outre les caractéristiques précédentes, qui peuvent être systématisées, dans ce dialecte on peut entendre beaucoup d´autres flexions verbales non standardisées. La version en basque unifié éclaire pour chaque cas, l´équivalence. En voici une démonstration :
eta bahikorleat kartzen zuzten [=zituzten] Eugire
berriz denuntziek pagatzen zuzten, azienden yabeak
hemen gu ixil-ixilik ginauden [=geunden]
Han pasatu ginituen izan zaizken kalamidade handien-handienak
eta astia ginduelaik, [=genuen] pues ala! kuxetara
joaten ginden [=ginen] etxeko azienden lana
nola nindeon [=nengoen] operatuik
eskribitu nindakon [=nion] baetz
16- Une innovation morphologique récente, mais commune à de nombreux dialectes basques, est la réfection analogique des formes relatives par des flexions se terminant par -t. La forme ancienne est -dan, -dala (dudan, dudala, zaidala, etc.), mais ces formes sont quasiment généralisées duten, dutela, zaitela, etc., recomposées à partir de dut, zait, etc.:
Ta nik zautu dutena hor, iauen-iauena da
Pourtant, on peut encore entendre les formes anciennes, parfois dans la bouche d´un locuteur utilisant également les autres :
Ez ez, erran dizuden bezala aixtian
Cf. exemple précédent.
17- La confusion entre les paradigmes verbaux Nor-nork et nor-nori-nork est totale (au profit du second) :
biziik ortzi behar digute [=ehortzi behar gaituzte]
Klaro, hemezortzi urtetan eman zieten [=eraman ninduten]
gerra akaatute ere eztakit zenbat urtez iruki zieten han [=eduki ninduten]
ezpadirete sorik gaizki eramaten klinikara edo hola
ta haiek kubritzea gui eaman tziguten
ta nei Donostie destinetu ziaten
NOMINALE
18- Dans toute cette zone, à la différence du haut-navarrais septentrional, on distingue -ak de -ek au pluriel :
eta azienda sartzen zelaik, denuntzietzen zuten goardek
Cependant, les cas de confusion sont fréquents, en partie à cause de l´érosion linguistique, et en raison de l´influence du haut-navarrais septentrional:
berriz denuntziek pagatzen zuzten azienden yabeak
baztandarrak aprobetxatzen zuten Erdizaga
19- L´instrumental est -s (basque unifié : -z):
Mais l´hésitation avec le -z est fréquent :
Zazpi urtez edo eztakit zenbat urtez egon nitzen ni soldado!
kutxilloai kanibeta deitzen daogu guk euskeraz
20- La contraction normale du génitif singulier est -ain:
Erregenekoaikin, eta Baztangoaikin
21- Dans les numéraux, très courantes sont les formes en -tan: hirutan hogei, lautan hogei (=hirurogei, laurogei), bien que ces dernières soient également entendues (pour des raisons de prestige du gipuzcoan et de la langue standard) ; les formes orientales comme bortz et hameka sont également usitées:
Larogei, lautan hogei, nahuzun klasian.
22- Le cas nondik à l´indéfini et au pluriel se forme en -tarik, comme dans les dialectes basco-français :
Hemen, pues, garie, olua, hoetaik
iduri zuen adelanto at haundienetaik zela
orai ya, ezta yausik hoetaik ikusten
gazteenetaik abiatu zarreneraino
ta trabiesa bakarra ehun kilotaik goiti
23- Il est courant d´entendre -arendako pour -arentzat.
24- Dans des termes comme artzain, arrain, haurtzain, etc, dans tout le dialecte (comme en haut-navarrais septentrional) prédominent les formes en -ai: artzai, arrai, haurtzai etc:
25- La terminaison castillane -on (en basque unifié : -oi) est quasiment généralisée dans les emprunts : pantalona, perdigona, kamiona, jipona, botona, xabona.
Cependant, dans les emprunts les plus anciens, et même dans quelques termes patrimoniaux comme saroi "bergerie´, le haut-navarrais méridional offre sa propre caractéristique : io. Comparez les toponymes avec le pampelunais Sario (<saroi). Il n´y a pas d´exemple dans le corpus.
26- Dans une zone du dialecte (Egüés), les démonstratifs présentent un g- initial, comme dans le dialecte d´Aezkoa et celui de Salazar (en roncalais k-): gau, gori, gor etc. Cependant, dans les villages où on le parle encore aujourd´hui, les formes sont les standards : hau, hori etc...:
orai ya, ezta yausik hoetaik ikusten
iduritzen zaote gerra hori holako festa bat dela
PHONETIQUE
27- La palatalisation automatique s´impose avec moins de force que dans le haut-navarrais septentrional. Dans la zone historique du dialecte, elle demeure inconnue à Elcano, Puente la Reina et Arce, et très présente en revanche à Olza, Oláibar, Goñi, Juslapeña et Iza.
Sur le territoire actuel du dialecte (Esteribar et Erro) le -n- est palatalisé après i semi-voyelle : ezpaña, gaña, etc, mais pas après i voyelle : irine, mutila etc.:
Han pasatu ginituen izan zaizken kalamidade handien-handienak
hilabetero ginduen konpromisua inik
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
Mais après la semi-voyelle :
berriz azaroko kosetxa eraikitzeko denboraraño
Orai guk eztugu ja ere erraten al gauze horren gañean
orai bizitzen da pusken hobeki orduen beño
Bien que, parfois, l´on puisse entendre des exceptions à cette règle :
gazteenetaik abiatu zarreneraino
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
Ni t ni l palatalissen derriere i, sauf dans Urritzola:
hamazazpi familie kuxetagileak ginen
Ta hemen sortu te hemen nik uste hemen nik uste hilen naizen ere
Han pasatu ginituen izan zaizken kalamidade handien-handienak
ta trabiesa bakarra ehun kilotaik goiti
Mais cf:
igual bi hillebetez, geldittu bage
28- Les formes comme buruba, mendiya, avec un son de transition, sont inconnues, alors qu´elles existent dans les zones du haut-navarrais septentrional.
29- A Mezkiritz et Usetxi, sporadiquement on peut entendre des formes de type aezcoan, avec perte du -i- entre voyelles. Ceci est régulier dans les démonstratifs :
Hemen, pues, garie, olua, hoetaik [<hoietarik]
hemen ez baitziren ja haetaik [<haietarik]
pues denbora haetan jornala [<haietan]
Cela se produit aussi dans d´autres formes :
pues iiteas moztu iten zen [<igiteias]
eskribitu nindakon baetz [<baietz]
Mais très souvent sous une forme hésitante :
ardiek, ta behak, [<behiak] eta hoetaik
Mais cf. dans le même village
Zenbaiti etzaote iduritiko [<zaiote]
iduritzen zaote gerra hori holako festa bat dela ; cf. en el mismo pueblo:
brabanian erraten zaion bezala
A Eugi, il semble que le phénomène ne se produit pas.
30- Dans la déclinaison, -ea (etxea) et oa (astoa) se prononcent souvent -ia et -ua (surtout dans le premier cas ; -ua pour -oa est plus rare) :
bat Beltrania, nere etxia Juankonia, bertzia Juantenia
Larrazkenian, larrazkenian, bai. Martxoan ere zerbait eraikitzen zen
Larogei, lautan hogei,nahuzun klasian.
Hemen, pues, garie, olua, hoetaik
hilabetero ginduen konpromisua inik
Mais la tendance n´est pas très affirmée :
hure azkenean, pean gelditzen zen
izen balute permisoa, dretxoa izen bazuten
Larrazkenian, larrazkenian, bai. Martxoan ere zerbait eraikitzen zen
31- Ces hiatus tendent à se prononcer (même si ce n´est pas le cas partout) de façon monosyllabique (comme diphtongue), peut-être en raison du fort accent d´intensité employé dans une partie de ce dialecte :
bat Beltrania, nere etxia Juankonia, bertzia Juantenia
32- L´harmonisation vocalique (dirua>dirue, ogia>ogie) s´impose dans la totalité du dialecte. Historiquement, elle n´était inexistante qu´à Arce et Egüés. A la différence du haut-navarrais septentrional, elle apparaît tantôt entre des morphèmes (ogie), tantôt à l´intérieur d´un morphème : (uketu, ugeri, iketza etc.). Elle est moins intense à Mezkiritz:
eta azienda sartzen zelaik, denuntzietzen zuten goardek
izen balute permisoa, dretxoa izen bazuten
horko antzinderiek ta usetzen zuten
orai bizitzen da pusken hobeki orduen beño
33- On observe des traces d´une ancienne hésitation r/d (bien qu´actuellement elle ne semble plus se produire). Surtout dans le morphème du datif -da- (didan, zidan, etc):
ezpadirete sorik gaizki eramaten klinikara edo hola
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
gerra akaatute ere eztakit zenbat urtez iruki [<iduki] zieten han
34- Il est aussi courant (et ceci se rencontre presque exclusivement dans les parlers haut-navarrais) que les verbes perdent la première voyelle (aphérèse) : baki (=ebaki), karri etc. Parfois cela se produit également dans les substantifs : mazteki (=emazteki):
eta bahikorleat kartzen zuzten Eugire
Ta nik zautu dutena hor, iauen-iauena da
’ta akaso bizimodu hobia torriko da
Nik lemixi... zautu nuen lemixiko urtetan
Maztekiek beti, zegatik maztekie
ene familien eztut zautu, zautu tut bai, bertze familietan
En conséquence, la distinction man (=eman)/eman (=eraman) est courante (également dans une partie du haut-navarrais septentrional) :
Klaro, hemezortzi urtetan eman [=eraman] zieten
haiziak ematen [=eramaten] zuen
35- Il arrive aussi qu´une vocale disparaisse à l´intérieur d´un mot (syncope), mais ceci est un phénomène sporadique, beaucoup plus rare qu´en haut-navarrais septentrional (link haut-navarrais septentrional 33):
eta bahikorleat [<bahikorrale] kartzen zuzten Eugire
denen artian harpatzen [<harrapatzen] zute zerrie
36- Dans des mots comme joan, jarri, jende etc., dans ce dialecte, le son initial est prononcé -y dans les parlers encore vivants, sauf à Urritzola, où il se prononce j-:
berriz denuntziek pagatzen zuzten, azienden yabeak
trenean juan behaut lenbailen tierra hontatik
Mais les emprunts plus récents et l´expression typiquement navarraise ja (=rien, quelque chose), sont prononcées partout j :
Orai guk eztugu ja ere erraten al gauze horren gañean
kasik adjudiketuik Baztandei Erregerena.
Et il arrive que l´on entende j dans des termes traditionnels, en raison de l´influence d´autres dialectes ou de la langue standard :
joaten ginden etxeko azienden lana
Historiquement, la prononciation x- a été très courante dans cette aire dialectale, et selon les informations recueillies par Irigaray, elle s´étendait jusqu´à Uharte-Arakil. A Arce coexistaient y- et x-. A Oláibar et Juslapeña seul existait y-. A Egüés et Olza x-. Il existait également une zone de prononciation avec la jota castillane, comme à Puente la Reina.
LEXIQUE
37- Le lexique du haut-navarrais méridional n´est pas spécialement caractéristique. Peu de mots ou de variantes du corpus sont spécifiques au dialecte, ou à l´euskara navarrais : bahikorle (<bahi korrale) “corral de bétail ´; frantsa “français´; les formes iago et iagoen pour gehiago et gehien; ja (ere), “rien, quelque chose´ (également en haut-navarrais septentrional) ; aundiz “beaucoup´(également en haut-navarrais septentrional) ; ortzi “enterrer´; puskan, puskaz avec des comparatifs (“beaucoup plus...´); eraiki “semer" ; lemixi “d´abord´. jende comme substantif comptable (“personne"); igo “moudre´.
eta bahikorleat kartzen zuzten Eugire
Ta nik zautu dutena hor, iauen-iauena da
Orai guk eztugu ja ere erraten al gauze horren gañean
zeatik auto aundiz pasatiko da
orai bizitzen da pusken hobeki orduen beño
Larrazkenian, larrazkenian, bai. Martxoan ere zerbait eraikitzen zen
berriz azaroko kosetxa eraikitzeko denboraraño
Nik lemixi... zautu nuen lemixiko urtetan
38- Si l´euskara navarrais en général, et particulièrement ce dialecte, présente une physionomie particulière, il le doit au caractère oriental (proche des dialectes français) du lexique et des variantes utilisées ici : afera “affaire´; iduri izan “sembler´; antzin (y altzin) "devant", gibel “derrière´; bertze ´autre´; antzindari “autorité, chef; artio “jusque"; larrazken “automne´; orai “maintenant´; erran “dire´; pean, petik, peko (comme élément indépendant : peko etxea etc...); emazteki ´femme"; hertsi “fermer"; igorri “envoyer"; iratzarri “réveiller´.
pues haiek iduri dute bautela han dretxoa
iduri zuen adelanto at haundienetaik zela
ene familien eztut zautu, zautu tut bai, bertze familietan
horko antzinderiek ta usetzen zuten
Larrazkenian, larrazkenian, bai. Martxoan ere zerbait eraikitzen zen
orai ya, ezta yausik hoetaik ikusten
hure azkenean, pean gelditzen zen
Maztekiek beti, zegatik maztekie
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
39- Le haut-navarrais méridional, comme l´ensemble de l´euskara parlé, comporte de nombreux emprunts, de types variés :
D´une part, il maintient de nombreux emprunts et copies, anciens et traditionnels, qui ont été plus ou moins éliminés par le purisme dans l´écrit : pagatu, “payer´; akabatu “achever´, eskribitu “écrire´, gainean “sur´, etc...
berriz denuntziek pagatzen zuzten, azienden yabeak
gerra akaatute ere eztakit zenbat urtez iruki zieten han
oaiñik eskribitzen ziren neri iortzen giñekonak
Orai guk eztugu ja ere erraten ahal gauze horren gañean
D´autre part, il comporte également de nombreux emprunts récents:
eta azienda sartzen zelaik, denuntzietzen zuten goardek
baztandarrak aprobetxatzen zuten Erdizaga
izen balute permisoa, dretxoa izen bazuten
pues, reparto in, mankomunidan, bien akorduekin
kasik adjudiketuik Baztandei Erregerena.
berriz azaroko kosetxa eraikitzeko denboraraño
karretera in behautela hemendik Frantziera
trenean juan behaut lenbailen tierra hontatik
banakin ze kostunbre zuten goizez...
SYNTAXE
40- On peut entendre fréquemment des formes relatives (explicatives) accompagnées du préfixe bait-.
41- Dans ce dialecte, le suffixe -larik s´est substitué à -nean dans toutes ses fonctions :
eta azienda sartzen zelaik, denuntzietzen zuten goardek
eta astia ginduelaik, pues ala! kuxetara
ni bigarren kaderatik operatu nitzelaik
42- Les complétives dépendantes de uste peuvent apparaître avec un -n, pour le moins à Mezkiritz (cet usage est également connu dans le Baztán et à Cinco Villas) :
Ta hemen sortu te hemen nik uste hilen naizen ere
43- La conjonction causale zer(en)gatik est commune à toute la zone, seule ou combinée au suffixe -n dans la forme verbale :
zengatik orai erretrasatuenak hoik izain zire
Maztekiek beti, zegatik maztekie
zeatik auto aundiz pasatiko da
44- Les comparatifs peuvent se former aussi bien avec le suffixe -ago sans plus, ou en lui ajoutant -ko: -agokoa.
45- Une caractéristique très orientale de ces dialectes est l´emploi de -raino avec une valeur temporelle, usage inconnu dans les dialectes occidentaux :
berriz azaroko kosetxa eraikitzeko denboraraño
46- La périphrase -ten ahal est utilisée pour les potentiels, y compris dans les phrases négatives
Orai guk eztugu ja ere erraten ahal gauze horren gañean
47- Dans le haut-navarrais méridional, on peut entendre des utilisations libres de l´indéfini (mugagabe) inhabituelles dans les autres dialectes péninsulaires :
Lenago Eugiko herrie ederrago zen... Gauze ederrago zen Eugiko herria
Actuellement, ce dialecte est le plus répandu et le plus parlé de Navarre, bien qu´historiquement ce fut le haut-navarrais méridional.
Environ 35.000 navarrais le parlent, dans les régions de Arakil, Barranca (à partir d´Arbizu), Larraun, Araitz, Cinco Villas, Imotz, Basaburua, Arano-Goizueta, Leitzaran, Ultzama, Anue, Malerreka, Bertizarana. Hors de la Navarre, on retrouve également cette variante à Irun, Oiartzun et Hondarribia.
La transmission naturelle de la langue s´opère toujours, dans une plus ou moins grande mesure, sur la majeure partie du territoire (sauf à Arakil et avec une faible intensité à Ultzama).
Le dialecte n´est pas très homogène : certains parlers se distinguent notablement des autres : ainsi le barrancais, variante très particulière, proche du guipuzcoan de Navarre.
Son usage écrit a été pratiquement nul, en dehors d´une infime littérature religieuse. Des témoignages attestent d´une certaine ancienneté, mais ils sont sans comparaison avec ceux des autres dialectes, ni même avec ceux de son voisin méridional. D´autre part, sa faible différenciation d´avec le guipuzcoan a eu pour conséquence que ses locuteur ont tendance à utiliser cette variante, tout au moins au niveau de l´intention, dans des occasions relativement formelles (par exemple pour l´improvisation chantée et versifiée).
En dehors des caractéristiques communes à l´euskara parlé en général, le haut-navarrais septentrional se distingue de la langue standard par les traits suivants :
Morphologie (verbale, nominal)e/Phonétique/Lexique/Syntaxe
MORPHOLOGIE
Verbale
1-Dans la majeure partie de l´aire dialectale, le -a- apparaît au passé des verbes forts (synthétiques) : nakien, nauken, zakien, zagoen, zabilen... etc, (en basque unifié : neukan, zebilen... etc.):
nik berandu artio ez nakin euskeras hitzik ere
kontestatu behar tzuten altxatuta zaudenak
ya beandu xamar zela baña ya bazkaltzeko zauken zerbait
Pourtant dans une zone du dialecte, apparaît également le -e-: à Leitza, Arano et Larraun (ici alterné avec le -a-):
Moxkortute hola bueltaka emen zebiltzen herriin
A la Barranca, des formes comme zoken présupposent za-:
horrek ez zuken holako meritu haundirik, ezkil horrek etzoken
2-La forme nitzen, sans -n- (basque unifié :. nintzen) est caractéristique de tous les parlers de Navarre :
ibiltzen nitzen herritan kartak partitzen
ta harrekin batian joan nitzen ni re
hamabi urte nitulaiken joan nitzen artzai koxkorra
3-Dans les formes du nor-nori-nork, la marque du pluriel est -it-, comme dans le nor-nork (ditio... etc, basque unifié : dizkio etc). Il s´agit d´un trait exclusif à ce dialecte (on ne le retrouve dans aucun autre, à l´exception du baztanais) :
asko gauze nik ezautzen eznituenak ematen zitireten
Dans certaines zones, apparaissent cependant des formes en -zki-, comme à Arano (à Leitza du type dazkit):
4-Dans une certaine zone du dialecte, nous trouvons due etc. pour dute etc. C´est le cas à Leitzaran, Barranca, Araitz, Larraun (ici dui) et dans une partie de Basaburua Menor:
baina soñuba denak diferentea due
billatu behar zuin makille eoke xamarra
horrek eakutsi ta dantzatzen zuin...
dena goittik bera bota zuen ta etzuen deusee bilatu
5-Duzie (Larraun duzi) pour duzue s´entend pour le moins à Ultzama et Larraun:
Badakizie holako kantue kantatzen?
6-La marque du futur pour les verbes se terminant en -n (edan, egon, izan etc), est généralement -en :
Yoanen zela gure etxera ta gurekin hitzegiñen zula
Dans de nombreux villages, cette terminaison -anen, -onen se prononce -ain, -oin:
dirua ere ezuten sobrante izain seguru aski ta
baño nik uste ot hemen eitten zenen inguruko herritan e eitten izain zela
On entend rarement la forme guipuzcoane -ngo, à Larraun, Areso, Arano et Araitz.
7-Au lieu de diet, diezu, zien, zaie, etc., dans cette zone, les formes du type diotet (=diet), zioten (=zien), zaiote (=zaie), c´est à dire -ote- au lieu de -e-, sont quasiment généralisées :
ta esaten nioten soldadu hoiei:
Dans la zone où l´on emploie due (=dute), les locuteurs disent aussi dioe (Leitza dioa) (=die), c´est à dire -oe- (-oa-) pour -e-:
Etxe guzie nastu in zioan
8-Dans certains verbes en -n, pratiquement l´ensemble du dialecte forme le substantif verbal en -iten (prononcé généralement -tten), comme les basco-français : izatten, ematten, egotten, eramatten:
bertze jende turista erraiten ten horiek ere
Cependant à Larraun, Araitz, Barranca et Ultzama , nous trouvons -ten, et également dans d´autres endroits, sporadiquement, en raison d´un certain prestige de la langue standard :
9-Pour le passé du nor-nori (zitzaion etc.), la racine dans une partie du dialecte (Ultzama, Imotz et Barranca) est -KI- au lieu de -TZA-: zekion/zakion au lieu de zitzaion. A la Barranca cette racine est employée également au présent : dakio etc pour zaio etc.:
10-Les flexions verbales, à l´intérieur de sa variante, ont généralement un trait commun : les hiatus (zegoen, zuen, nekien, genuen, duela, dagoela... etc) se réduisent à la première voyelle (zegon, zun, nun, nekin, genun, dula, dagola... etc). Ce phénomène ne se produit pas à la Barranca et Ultzama :
han izandu genitun atake goorrak
ne atte zenak eukitzen emen zun hoi prestatota gordii
nik berandu artio ez nakin euskeras hitzik ere
eta hori in ta ya beste zortzien bat urtes harrekin lan in nun
behiei kausitten ta pasatzen nun bizie
hamabi urte nitulaiken joan nitzen artzai koxkorra
Mais cf.:
nik dena itten nuen, goizien ta asaldien ta gaubien ta denetan
zer atra behar zuen esan zireten komedorian
11- Outre les caractéristiques précédentes, qui peuvent être systématisées, inutile de dire que dans ce dialecte on peut entendre de nombreuses flexions verbales non conformes à la langue standard. La version en basque unifié éclaire, dans chaque cas, l´équivalence :
Geo eaman giñuzen (gintuzten) Oviedo bertaa
Pues, maiz zeatzen tzittuten, (zituzten) prestatzen tzittuten
sartu eztaizkenak (daitezke) ez biño betire erdi erdera ta...
ta joan ginen harea t´ezkiñuzen (genituen) saldu
oain makinak eta badere (dira)
Bai nik e estudioik eztoket (daukat)
batien santuba sartu zubela errekaa sekoa ziolakos (zihoan)
ondo aittu yaiz (haiz) edo geizki aittu yaiz
ta gero artzai nindabillela (nenbilen)
12- Dans la conjugaison périphrastique, on entend toutes sortes de contractions verbales, bien que le corpus ne soit pas suffisant pour systématiser et définir des zones. Les contractions de behar + auxiliaire transitif sont très caractéristiques.
in beadiau horno at hor Zizurren, eta: nauk sozio?
bakarriken goaiñ oso diferente eitteunte lana
oain ya ortziralian lan in ta utzitzeunte
zuk oso ongi errezatzauzule arrosarioa
In behaizut pase bat Donostire joateko hillebete bateko
13-La confusion entre les paradigmes verbaux nor-nork et nor-nori-nork (généralement au profit du second) est une tendance générale (non distinctive) de la langue en Navarre. Ce qui en revanche est distinctif (établit une issoglosse) est le degré auquel s´est complétée la tendance : la confusion totale caractérise le haut-navarrais méridional. Mais elle s´opère également dans d´autres parlers (Ultzama) et il s´agit d´une tendance très répandue : Ituren, la Barranca:
kanpeonato askota eramaten tzieten
Cependant, la distinction n´a pas disparu partout :
Geo eaman giñuzen Oviedo bertaa
14- Une innovation morphologique récente, mais commune à de nombreux dialectes basques, est la réfection analogique des formes relatives par flexions se terminant en -t. La forme ancienne (toujours existante ) est -dan, -dala (dudan, dudala, zaidala, etc.), mais ces formes sont quasiment générales duten, dutela, zaitela, etc., recomposées à partir des formes libres dut, zait, etc.:
ni naiz Miel, nausi o itten dutena
A l´inverse, dans certaines zones (tout au moins à Ultzama), les formes liées en -da- ont produit une forme libre analogique en -da: zaida, zaira, dida (et par harmonisation vocalique zaide zaire) etc., (bien que ce ne soit jamais pour des formes comme dut, dakit etc.):
naho nuen man balire komendante horretxek itxera joateko
15- Le suffixe causal -lako comporte la variante lako(t)z (et -lakos), comme dans les dialectes continentaux :
batien santuba sartu zubela errekaa sekoa ziolakos
...txarrak! urte txarrak dire, eztelakoz
NOMINALE
16- Dans toute cette zone, on ne distingue pas -ak de -ek au pluriel :
baina soñuba denak diferentea due
usazaliak iten zte oihu batzuk
ta urdun kontestatu behar tzuten altxatuta zaudenak
17-La marque de l´instrumental est -s (basque unifié : -z) dans une vaste zone, comme dans le haut-navarrais méridional. Spécialement à la Barranca, où il est unique, mais aussi dans d´autres parlers (Basaburua, Ultzama, Larraun, Imotz), où il coexiste avec -z:
ta gero bi urtes o in zen holako esibizio at
nik berandu artio ez nakin euskeras hitzik ere
Zer modues habille amigo Arroki
18-Les augmentatifs phonétiques en z- sont typiques des dialectes navarrais : zuleta, zapela etc. Ils existent également dans d´autres dialectes, mais ici i